mercredi 10 avril 2019

La philosophie du peu

C'est la formulation la plus générique que j'ai trouvé : J'appelle ça la philosophie du peu.
Ça regroupe plusieurs principes.
  • Le Minimalisme : choisir de vivre avec le moins d'objets possibles,
  • La Simplicité volontaire : choisir de vivre simplement, sans superflu (objets, activités, voyages, argent)
  • La Sobriété volontaire ou déconsommation, même principe appliqué à la consommation,
  • La Décroissance, notion plus politique et économique, c'est choisir de cesser de participer au  système hyper-consumériste. Il s'agit d'un Boycott progressif.
Cela signifie faire des choix de vie relativement hors du cadre, ou alors pas si loin du bord...
Notre société consumériste nous encourage à dépenser tout notre revenu dans des biens et services proposés en très grandes quantités. On finit par devoir agrandir notre logement pour stocker l'énorme masse d'objets acquise au fil des années.
Pourquoi ? Est-ce à cause de la peur de manquer, à moins que ce soit pour s'occuper l'esprit, éviter l'oisiveté, tromper le sentiment sourd de solitude, ou par croyance de devoir conserver un support à ses souvenirs, ou encore par avidité, joie d'entasser comme preuve de richesse, ou plaisir d'être assuré du contrôle total sur tous ces objets… Ou bien est-ce parce que notre vie est régie par le concept du "au cas où...", potentialité d'usage, prétexte si courant pour garder nos greniers et nos cerveaux encombrés !...

Nous le savons aujourd'hui, le monde est fini, et il est logique de cesser de consommer nos ressources comme si elles étaient illimitées. 
Nous vivons une aire de paroxysme du système de surproduction et de surconsommation.
Identifions l'essentiel : Il nous faut choisir d'abandonner la "tourniquette à vinaigrette" de Boris Vian, comme tous ces objets à fonction unique ou pire, à usage unique. 

Être responsable implique d'identifier son besoin réel de ressources et de s'en contenter. 
Identifier quand on en a assez, et partager le reste. Parce qu'en prendre plus n'apporte rien ! Et si on va plus loin dans cette direction on se libère des principes de confiscation-thésaurisation et de clôture-frontière, et on retrouvera la notion de bien commun, de partage volontaire et de gratuité.
Investissons sur notre survie d'espèce, car un super prédateur n'est jamais à l'abri de sa propre extinction.


Voilà pour les principes, mais que puis-je faire, moi aujourd'hui ?
Voyons midi à notre porte : Avoir trop d'objets prends du temps de gestion et de l'argent de stockage.
Si je dois partir demain pour toujours, je mets quoi dans mon sac à dos ? Identifions mentalement les 10 objets en question... 
Et bien c'est probablement très exactement les seules choses dont j'ai réellement besoin.  

Parmi les objets qui nous entourent, il y en a de différents types.
  • Il y a des objets utiles au quotidien,
  • les objets nécessaires moins régulièrement,
  • les objets nécessaire rarement à fonction unique, et ceux à usage unique,
  • les objets qui constituent notre mémoire, archives et objets de famille,
  • les objets décoratifs, support au principe du beau,
  • et enfin les objets inutiles.

Au fur et à mesure, depuis 10 ans, j'ai choisi une technique de tri par l'essentiel. Je garde les objets utiles au quotidien à portée de main, les moins nécessaires en bas des placards, au fond de la soute de rares objets souvenirs, je garde peu d'objets décoratifs, me débarrasse des objets inutiles et essaye de laisser les objets à usage unique dans les magasins. Même les livres que j'aime tant sont vendus ou donnés une fois lu.
J'ai mis en place une stratégie qui consiste à allonger mon délai de réflexion avant chaque achat imprévu. Comme j'attends au moins 24 heures, tous mes achats superflus ont disparu.
Mon objectif cette année est d'acheter le moins d'objets neufs possibles.

Si on s'extrait des arguments marketing tentateurs, de quoi a-t-on vraiment besoin pour vivre ?
  • Boire de l'eau potable
  • Satisfaire les besoins naturels du corps dont manger sain 1 à 3 fois par jour
  • Se protéger des intempéries, se vêtir, s'abriter, se chauffer ou se rafraîchir
  • Se soigner
  • Créer du lien social avec d'autres animaux, humains ou non humains.
Le reste est du luxe, dont nous devons apprendre à nous passer, car aujourd'hui, le monde change, radicalement, rapidement. Alors préparons-nous ! 

Plusieurs fois, dans l'histoire connue de l'humanité, tous nos besoins essentiels ont été satisfaits gratuitement, ou plus exactement par 2 heures et travail par jour et par personne. 

La démarche d'essentialisation de sa vie impose une réflexion philosophique, qui nécessite un cheminement pour se défaire des objets un à un, puis se tenir à l'écart de la tentation de recommencer à accumuler. C'est le renoncement.
J'ai dû acquérir des compétences perdues de recyclage, de réparation, remploi ou détournement d'objets.
Malgré ma prise de conscience et des années de travail sur ma relation aux objets, j'ai conservé un « ciseau à œuf à la coque » ! Il sert 6 fois l'an, ne peut servir à rien qu'autre et prend une place folle dans mon tiroir à couverts ! Mais je lui trouve des tas d'excuses : il a le même âge que moi, vient du tiroir à couverts de ma mère, me rappelle mon enfance et il est si petit !... Nous sommes façonnés par un lien aux objets irraisonné et déraisonnable compte tenu de nos moyens terrestres… Mais bon… Les linceuls n'ont pas de poche...

Quel avantage à faire ce travail de nettoyage et de réflexion, me direz-vous ?
Économiquement d'abord, j'ai diminué la taille de mon lieu de vie et son cout, il me coute 6 fois moins cher, j'ai divisé mes frais superflus par 10 voir plus, et gagner de l'argent en revendant mes objets inutiles ayant de la valeur.
Écologiquement ensuite, je n'ai plus de fouillis à jeter, qui doivent passer par les circuits de retraitement des déchets, circuits qui coûtent si cher en impôts locaux et en « planètes ».
Plus globalement, lorsque que mon petit intérieur est débarrassé du fatras des scories de mon passé, mon esprit s'en libère aussi. Et du coup l'essentiel, nécessaire à ma vie présente, m'apparaît clairement.

Vivre avec peu n'est pas à la mode, ou vécu avec souffrance, pour cause de pauvreté. Tout est différent le jour où cela est devenu un choix assumé.
Bien d'autres personnes avant moi ont déjà fait ce choix comme une grande quantité d'ermites de toutes époques.
Plus récemment, Dominique Loreau vous en parle dans son petit livre "l'infiniment peu" qui vous propose à chaque page une anecdote ou une idée pour vivre avec peu.
Rob Greenfield, surnommé Mister Green, est un américain qui fait des campagnes de sensibilisation sur la surproduction de déchets et de nourriture aux USA. Son défi actuel est de vivre 1 an, et donc se nourrir, sans aucun produit issu de supermarchés.

Ce choix participe à ma part de petit colibri. Je mets en œuvre mon idéal de laisser le moins de traces possibles de mon passage sur terre. Le jour où se sera mon tour de partir, je pourrais être fière d'avoir fait de mon mieux. Je le fais au quotidien, tout en faisant attention à rester adaptée au système dans lequel je vis.


2 commentaires:

  1. excellent article ! oui finalement ce n'est pas si difficile, même si parfois il faut s'y reprendre à plusieurs fois. Comme tu dis la récompense est dans le fait de pouvoir vivre dans un lieu plus petit donc moins cher et d'être plus libre surtout !

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  2. On peut y arriver par 2 methodes, supprimer les objets puis changer pour une plus petite maison, ou encore choisir un lieu de vie plus petit, ce qui oblige à faire disparaitre des objets surnumeraires ! La 2e va plus vite.

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