dimanche 14 juillet 2019

Le trou dans la poche


Oui je sais, c'est pénible, mais il n'existe pas de télécommande à changer les autres !

Nous disposons de 2 moyens pour agir sur le monde, complémentaires selon moi :
  • participer à  la vie de la cité : politique, syndicalisme, activisme ou militantisme associatif...
  • et travailler sur nous-même pour améliorer l'humanité en nous, et, de ce fait, influencer notre entourage, par imprégnation.
C'est de ce dernier moyen dont je veux vous parler aujourd'hui.

Qui, à part toi, sait ce qu'il se passe dans ton for intérieur ? 

D'ailleurs, c'est quoi ce « for intérieur » ? Le dictionnaire dit que le F-O-R intérieur est le jugement de la conscience, intérieurement, en dedans de soi. 
Mais on sait bien, grâce à quelques rudiments simples de psychologie, qu'il n'y a pas que le conscient à cet endroit...
De mon point de vue, c'est plutôt comme un édifice, un F-O-R-T intérieur. Mais qu'est-ce que c'est que cet édifice ? 
Un château de 300 pièces, avec des murailles de pierre crénelées et infranchissables ? Une incroyable cabane suspendue dans les arbres ? Une petite maison dans la prairie ? Une maison de hobbit cachée dans la forêt ?


Comment vous l'imaginez-vous ?

Nous l'avons depuis toujours,  il est là, à l'intérieur de nous, c'est là que joue notre petite musique intérieure.
C'est dans ce lieu qu'on range nos connaissances, c'est ici qu'on se parle à nous-même, en construisant nos pensées comme un discours parlé. Ou bien on y voit défiler des images, des concepts ou des symboles. C'est le lieu du mental.
Parfois il y tourne sans contrôle, en boucle, des idées obsédantes et destructrices. C'est le lieu de l'expression de nos angoisses et nos craintes mais aussi de nos joies et de notre enthousiasme. C'est le lieu de l'expression de l'émotion.
C'est aussi le lieu de la rêverie. Il s'y trouve beaucoup plus de moyens qu'à Hollywood pour s'y faire des films. C'est le lieu de la créativité et de l'inventivité.
Ce lieu est personnel,  et nous y sommes seuls face à nous-même.
Néanmoins, rien n'interdit d'y inviter nos souvenirs, nos morts chéris, nos modèles, ou quelques amis imaginaires. Cela dit, pour les recevoir, il me semble préférable de sanctuariser le for intérieur et prévoir un autre endroit, identifié à cet effet, proche mais à l'extérieur. Pourquoi pas une grange, un pavillon de chasse, ou une terrasse avec pergola?… Appelons ça le FOR extérieur !
Les dangers qui nous attendent dans notre for intérieur ont à voir avec l'emballement mental. Ca peut être l'expression oppressante de nos débordement d'émotions, comme les peurs, les peines, les arrière-pensées négatives ou malveillantes, les obsessions, ou encore la charge mentale de gestion familiale ou professionnelle, auto-harcèlement qui consiste à nous rappeler en permanence que nos efforts ne sont jamais à la hauteur de ce que nous devrions faire.

Prendre conscience de ces déviances ou auto-maltraitances mentales est un exercice difficile. Il exige de réussir à s'extirper de ses propres pensées continuelles pour s'observer réfléchir, depuis une sorte d'observatoire à for intérieur…
Autre difficulté, très répandue et préoccupante : tout peut être prétexte à nous faire perdre notre enthousiasme et nous pousser à la dépression. Par exemple, des épreuves de vie difficiles, le deuil ou le manque de moyens. Même les journaux et les fictions se focalisent sur les informations négatives. Ils ne nous fournissent que de mauvaises nouvelles ou des histoires horribles : le pire de l'humanité étant sûrement plus spectaculaire et vendeur. C'est le jeu vicieux de notre société mercantile.
Mais quand il y a un problème, un vrai problème, nous sommes seuls à le voir.
Qui, à part toi, pourrait-il bien savoir que tu as un trou dans la poche ? Personne !
Et en plus, nous n'avons que notre jugement subjectif pour en juger. C'est donc très délicat !
Bien sûr, notre comportement peut alerter notre entourage sur notre disharmonie intérieure. Mais ce constat reste, même pour lui, un jugement subjectif. Les erreurs sont légions. Une capacité à réfléchir différemment peut être prise pour une déviance mentale, alors qu'il peut s'agir d'un atout génial ! Évidemment, nous pouvons nous faire aider par un médecin spécialiste, mais lui aussi n'a que son jugement subjectif à sa disposition pour évaluer cet état.

Ce qui se passe dans notre for intérieur est du domaine de l'intime. Pas l'intimité, qui se partage, mais bien de l'intime, profondément et définitivement personnel.
De ce fait, c'est bien de notre responsabilité de traiter nos problèmes :

=> Je suis seule, face à moi-même, pour prendre la décision d'aller mieux.

Et il est alors temps de passer à l'action !
D'abord, en particulier pour les phases de grande adversité et les moments difficiles, il faut se construire un refuge mental.

Bernard Werber s'est choisi un bureau (pas étonnant pour un écrivain !) dans une maisonnette au fin fond de la campagne. Il nous y emmène dans « le livre du voyage ». C'est une technique utilisée avec succès par certains prisonniers sans perspectives de libération, comme des journalistes pris en otage. Elle est aussi utilisée par des thérapeutes comme les sophrologues ou les hypnothérapeutes, pour aider leurs patients.

Ensuite, il me semble essentiel de faire disparaitre ou au moins atténuer les craintes, les idées noires et les obsessions qui nous tirent vers le bas.
En premier lieu, il faut réussir à s'extraire des influences désagréables, voire toxiques, du quotidien. Un entourage perpétuellement critique, ou l'écoute permanente des informations catastrophistes (comme le proposent les média d'informations continues), vous maintient dans le cercle vicieux des pensées négatives. Assainir son quotidien est nécessaire. Mais il vous oblige à changer radicalement vos habitudes et parfois même votre entourage.
Certes, c'est un gros effort, mais si bénéfique ! Comme par exemple, quitter un compagnon tyrannique et ne plus écouter que France Musique !!!!

Une fois le quotidien assaini, l'exercice le plus simple pour s'extraire des obsessions négatives est celui de l'identification essentielle :
=> Suis-je en train de cultiver des bonnes ondes en moi-même ?
Le fait de se poser la question provoque la prise de conscience et le travail est presque fini !
Ensuite il faut évaluer l'intérêt de nos préoccupations à long terme.
=> Dans un an, ce qui me préoccupe en permanence aujourd'hui aura-t-il toujours autant d'urgence et d'importance ?
Se projeter dans un an permet de relativiser. Cela s'appelle la décentration.

Par ailleurs, il y a un piège à démonter : les bénéfices cachés à aller mal ! Et oui ! Une mère dont l'enfant vient de quitter le nid aura tôt fait de se plaindre en permanence avec l'espoir qu'il réponde à l'appel ! Certains ne savent pas exister au monde autrement que par la plainte ou la critique, même à l'intérieur d'eux. Mais on n'attire pas les mouches, ni les amis, avec du vinaigre ! Et la seule solution pour résoudre ça, c'est choisir délibérément la positivité. Mais attention, une fois la décision prise, c'est un travail d'endurance, sur le temps long.
Ensuite, pour juguler les peurs difficilement contrôlables, plutôt que focaliser toute son attention dessus, ce qui provoque immanquablement leur concrétisation, il faut concentrer son mental sur ce qui est bon pour nous.
C'est l'exercice le plus difficile. La plupart des gens savent vaguement ce qu'ils ne veulent pas, mais très rarement ce qu'ils veulent vraiment.

Pour ça, j'utilise un tableau à 4 colonnes.
  • La première colonne est pour la liste des choses pénibles à changer, en premier lieu dans mon esprit.
  • La deuxième pour lister les actions qui permettent ce changement.
  • La troisième est pour la liste des bonnes choses que je veux vivre intérieurement.
  • Et la quatrième est la liste des actions pour réussir à vivre ces bonnes choses.
Il ne me reste plus qu'à réaliser les actions que j'ai choisies, pour opérer ces changements : Facile à dire, hein ?…

Marc-Aurèle priait Dieu ainsi :
  • « Mon Dieu, donne-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux changer,
  • le courage de changer les choses que je peux,
  • et la sagesse de connaitre la différence. »

Dis donc ! Corriger mes pensées est une chose que j'ai le pouvoir de changer ! Allez hop ! Un peu de courage !…

Pour me défaire de mes idées noires, mon truc, c'est une sorte d'incinérateur mental, pour recycler toutes les mauvaises ondes que je pourrais générer ou recevoir et cultiver.
J'ouvre la porte, je jette mentalement au feu tous les trucs moches qui trainent dans mon for intérieur et je referme. Et je charge l'Univers du recyclage…
J'éteins télévision et radio et j'écoute de la musique dansante tout le temps et fais une cure de films comiques.

Une autre technique, très connue, est l'autosuggestion. Elle consiste à s'adresser à soi-même des messages positifs de réussite. C'est très facile et efficace. Quoique la méthode de M. Couet soit spécialement dévalorisée en France, elle est très utilisée dans le reste du monde, en particulier par les anglo-saxons. Choisir cette disposition d'esprit permet de concentrer son énergie pour concrétiser les actions positives dans sa vie. C'est cette méthode qu'utilisent les sportifs de haut niveau pour les mener à la victoire.  Vous avez déjà entendu « Il a un mental fort ! », et bien c'est parce qu'il utilise l'autosuggestion ! J'estime que cela devrait être enseigné à l'école, dès le plus jeune âge.

Il y a aussi la méthode de la visualisation de choses ou situations positives :
  • construire une maison idéale, son fort F-O-R-T intérieur par exemple…
  • cuisiner mentalement avec sa famille,
  • imaginer partager des moments de joie, pourquoi pas boire l'apéritif avec ses amis sur la terrasse de son bateau,
  • Ou encore jardiner mentalement… Et le vôtre, il est comment votre jardin intérieur ? C'est la jungle ou un jardin à la Française ?
Et si nous y semions des graines de bonne humeur et de joie !…

Aménager mon FORT F-O-R-T intérieur, améliore mon FOR F-O-R intérieur.
Il me permet d'être plus sûre de moi, plus solide. Réaménager mon édifice interne pour y vivre heureuse en ma propre compagnie, en y cultivant la joie et le plaisir de me fréquenter moi-même.

S'observer réfléchir soi-même donne des habitudes d'observation applicables aux autres. Cela fournit la capacité de prendre de la distance, sans s'impliquer.
Ce travail nous transforme, il fait de nous un humain en recherche d'harmonie intérieure.
La conséquence de ces travaux intérieurs est visible à l'extérieur, ces mutations se voient, notre comportement change. Nous sommes plus apaisés, plus tolérants, plus aptes à l'écoute, capables d'observation des autres, de compréhension des phénomènes d'interactions humaines, et ce, avec moins de débordements émotionnels.
Notre entourage doit alors s'adapter à celle ou celui que nous sommes à présent.
En changeant, nous avons modifié l'humanité en nous, mais de ce fait, nous participons à modifier l'humanité en eux.

Un texte du Talmud dit :
« Fais attention à tes pensées, elles deviendront des mots.
Fais attention à tes mots, ils deviendront des actions.
Fais attention à tes actions, elles deviendront des habitudes.
Fais attention à tes habitudes, elles deviendront ta destinée. »

Qu'il soit bénéfique ou pas, c'est toujours par l'intérieur que survient le changement.
Faire attention à ce que l'on dit ou fait est évidemment important, mais comme c'est par là que tout commence :
Soyons encore plus vigilants à ce que nous pensons.




  

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